À Propos
Quatre femmes septuagénaires se retrouvent les après-midis dans leur lieu secret. Trois d’entre elles sont voisines, la quatrième vient d’arriver, on ne sait pas vraiment d’où. Elles dialoguent avec des répliques très brèves, souvent interrompues, parfois allusives. Elles semblent parler du quotidien, de leurs familles, de leurs souvenirs d’avant la retraite, des changements dans le quartier.
Des fragments de vie, qui se suivent et ne se ressemblent pas tout à fait, s’enchaînent, tout en finesse et en petites touches. Parfois cependant, elles amorcent un long soliloque qui trahit la faille. Entretemps, à l’extérieur quelque chose d’autre se passe, insaisissable, se rapproche et s’éloigne.
Dans ce qui naît de la conversation il y a le passé et le futur, une inquiétante étrangeté soutenue par une écriture jubilatoire, de la profondeur sous la surface, de l’extraordinaire derrière l’anodin, du terrible dans la comédie, entre rire et effroi. L’écriture audacieuse de Caryl Churchill parvient à dépeindre la radicalisation des maux du monde actuel : développement immobilier et surexploitation des carrières, hyper digitalisation de la société, épuisement des ressources…
Avec une finesse de style et un humour quasi surréaliste, Caryl Churchill pénètre dans les zones les plus obscures de la réalité quotidienne, là où la vie intime se lie au chaos universel. Comme chez Beckett ou chez Duras, il y a les petites choses de la banalité, il y a aussi une apocalypse qui effraie ; et pourtant, l’humour, toujours l’humour.